La construction de relations de confiance entre l’école et les familles est aujourd’hui une question centrale pour la réussite de tous les jeunes.
C’est pourquoi j’ai accepté de « parrainer » et de tenir des permanences avec COPARENF pour agir en ce sens.
Les familles ne se sentent pas toujours bien accueillies dans l’école. Pourtant, les recherches menées en France et à l’étranger convergent sur le fait qu’un dialogue constant entre parents et enseignants permet un meilleur apprentissage des jeunes et amplifie leur réussite.
COPARENF propose des débats, des permanences et différents autres dispositifs car, en matière de relations familles-école, point de solution miracle, ni d’astuce qui marche partout : il appartient avant tout de mener une réflexion locale pour avancer dans ce domaine.
Rapprocher l’école de toutes les familles est aujourd’hui d’autant plus important que les parents, quels que soient leurs milieux sociaux, sont de plus en plus angoissés par rapport à l’avenir de leurs enfants. Si, globalement les parents font confiance à l’école, il y a un fort sentiment d’inquiétude, d’angoisse par rapport à une école qu’on ne comprend pas toujours et qui souvent apparaît de plus en plus lointaine. Nous sommes aujourd’hui dans une situation où aucun parent n’est assuré que son enfant vivra dans le futur mieux que lui. C’est une rupture profonde avec ce qui a existé depuis deux siècles où la notion mythifiée, fantasmée, de l’ascension sociale a été un moteur puissant de l’espoir dans le futur.
Cette perspective était un élément fondateur d’un projet collectif, d’une confiance dans l’école. Nous sommes passés :
- d’une société fondée sur des PROMESSES matérielles dans lesquelles l’école jouait un rôle clé en délivrant des diplômes reconnus sur le marché du travail
- à une société pleine de MENACES matérielles où l’école joue souvent le rôle de bouc-émissaire.
Les parents sont aujourd’hui devant une école qui change, déboussolés, désemparés, aussi angoissés pour l’avenir que démissionnaires, et ont beaucoup de mal à comprendre ce qu’on attend d’eux et de leurs enfants dans une situation où trop souvent la connaissance du fonctionnement de l’école est devenue un « délit d’initiés ».
Améliorer la compréhension de l’école par les familles est un enjeu décisif.
Depuis plus d’une génération, l’école apparaît de plus en plus incompréhensible. Trop souvent, encore, c’est aux familles de tenter de décrypter les changements, les mutations. Si les familles et notamment celles les plus éloignées de l’école ne sont pas suffisamment accompagnées dans leur découverte du système scolaire actuel, il y a véritablement un risque que ces populations s’éloignent d’une école qu’elles ne comprennent pas.
Pour une école rassurante
Les parents ont besoin également d’être rassurés. Ensemble, il faut que parents, élèves et enseignants construisent une école plus rassurante et bienveillante. Etre rassurés pour des parents, cela passe également par la valorisation du travail du jeune. Tout jeune est capable de réussir. Il y a un potentiel de réussites en chacun d’entre eux. Mettre en avant ces réussites devant sa famille développe chez le jeune, fierté, confiance en lui, estime de soi, motivation et surtout persévérance par rapport à certaines activités appuyées par la famille qui en a compris les objectifs.
Construire des relations parents/enseignants basées sur la confiance mutuelle et non sur la défiance, permet de mieux mettre le jeune en situation d’un apprentissage réussi et favorise un meilleur exercice du métier d’enseignant comme de la fonction de parents.
Pour le jeune, de bonnes relations parents-enseignants lui permettent de mieux vivre les transitions entre la vie familiale et le milieu scolaire. Il peut développer une meilleure « estime de soi » et une meilleure confiance en ses capacités. Il a ainsi plus de chances de réaliser les apprentissages escomptés.
Pour les parents, de bonnes relations avec l’équipe pédagogique les valorisent dans leur rôle et leur donnent un sentiment d’appartenance à un collectif partageant les mêmes intérêts.
Un des défis de l’école d’aujourd’hui est de forger un sentiment commun d’appartenance qui ne nie pas la diversité des identités.
Le développement d’une véritable communauté éducative reposant sur des valeurs clairement exprimées regroupant tous les acteurs d’un établissement, quelles que soient leurs origines, leurs philosophies, leurs croyances est le meilleur antidote contre les replis communautaires.
L’appartenance à un collectif est un élément important du Vivre ensemble. Pour dépasser les tensions communautaires, il faut proposer des éléments d’une appartenance collective.
Pour garantir la réussite de tous, l’École doit donc se construire avec la participation des parents. Cet objectif requiert une approche globale de l’élève dans son environnement et se fonde sur un projet partagé avec l’ensemble de la communauté éducative et de ses partenaires. La prise en compte des attentes et des difficultés des parents est un facteur important de leur implication. Elle nécessite une démarche volontariste dans leur direction. Il s’agit de faire un pas en direction des familles, ne pas avoir peur de l’ouverture, de passer de la défiance à la confiance.
Il est essentiel de faire tomber toutes les barrières entre toutes les familles et l’école afin qu’on n’est pas une situation où pour prendre une image sportive, certains parents initiés auraient à courir un 100 mètres et d’autres moins au fait des choses auraient à courir un 110 mètres haies et on serait surpris que certains arrivent avant les autres.
La transparence du système éducatif est un plus, tant pour le jeune que pour les parents et pour les enseignants.
Il apparaît également indispensable qu’on n’hésite pas à dire bravo et merci aux parents (et à l’enfant) quand ce qui est nécessaire est fait. La valorisation, la fierté du jeune et de sa famille passe par des signes de reconnaissance de l’institution scolaire.
Il s’agit de s’épauler les uns et les autres pour toujours mieux faire réussir le jeune.
Les parents ne doivent plus seulement être spectateurs de la scolarité de leur enfant, mais en être acteurs.
Il faut construire une confiance réciproque qui permette à chacun, élèves, parents, enseignants de se sentir bien dans l’école et de marcher dans la même direction.
Il est donc fondamental entre institution scolaire et parents d’élèves de passer du face-à-face au coude à coude pour ne plus laisser personne au bord du chemin.
Construire aujourd’hui dans les écoles, les collèges, les lycées, de meilleures relations parents-enseignants, c’est possible ! Et ça vaut la peine ! C’est pour cela qu’agit COPARENF !
Jean-Louis AUDUC